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Les grandes orgues de la Primatiale St-André : Historique


C'est en 1427 qu'apparaît, pour la première fois, un grand orgue en la Cathédrale Saint-André.Une nouvelle tribune est construite, en 1531, sur l'ordre de l'archevêque Charles de Gramont, qui donne à l'ensemble un aspect imposant.Ainsi, un chroniqueur anglais, Andrew Boorde, de passage à Bordeaux en 1535, écrit : "Dans la cathédrale Saint-André se trouvent les plus belles et les plus grandes orgues de toute la chrétienté. Ces orgues renferment plusieurs instruments et mécanismes de géants et étoiles qui remuent et font mouvoir leurs mâchoires et leurs yeux aussi vite que joue l'organiste".
En 1619, sous l'épiscopat du Cardinal François de Sourdis, le chapitre décide d'ajouter quelques jeux à cet instrument. Cette restauration dure plus de onze ans mais son résultat est si catastrophique que sept années supplémentaires s'avèrent nécessaires pour que l'instrument puisse être employé de façon satisfaisante.Dès lors, les restaurations se succèdent à un rythme soutenu et ce jusqu'en 1791.
Sous la Révolution, après le vote de la Constitution Civile du Clergé, les orgues furent abandonnées puis vendues ainsi que tout le mobilier de la Cathédrale. Un procès verbal du 25 Frimaire an III stipule que les tuyaux du grand-orgue doivent être fondus "leur métal sera employé à confectionner des boutons d'habits d'uniforme".
Le culte est rétabli par le concordat du 28 Messidor an IX (15 Juillet 1801) et il faut réinstaller un orgue sur la tribune du XVIème siècle, vide depuis plus de dix ans.
En avril 1804, l'orgue de la Réole, oeuvre du facteur toulousain Micot, est transplanté à Saint-André.
En 1810, cet instrument est à nouveau démonté afin de permettre la réfection de la tribune et l'on songe à échanger l'intérieur de cet orgue avec celui de l'Abbaye de Sainte-Croix, car l'orgue de Micot s'avère insuffisant pour la Primatiale.
L'échange est décidé définitivement un an plus tard.
L'orgue de l'Abbaye de Sainte-Croix, attribué à Dom Bedos de Celles, avait été construit en 1748 et était considéré comme l'un des plus grands chefs d’oeuvre de la facture d'orgue.
Pourtant, dès 1770, ses tuyaux de façade – de mauvaise qualité – étaient déjà tombés dans la nef.
En fait, étonnamment, sa facture ne répondait pas aux prescriptions de Dom Bedos dans son ouvrage « L’Art du Facteur d’Orgue » - paru en 1766 - dans lequel, notamment, l’auteur recommandait de ne pas utiliser d’étain provenant d’Allemagne (2ème partie, Chapitre VI, paragraphe 862), ce dernier faisant apparaître sur les tuyaux« des verrues, qui crèvent & rendent le Tuyau tout percé », processus appelé « peste » ou lèpre de l’étain qui au cours des années s’est inexorablement développé sur les tuyaux de l’orgue de Sainte-Croix.
L’échange décidé en 1811 ne porte que sur les sommiers et les tuyaux de l’intérieur des deux instruments, les montres et prestants ainsi que les souffleries demeurant à leurs places. Aussi, de nombreux tuyaux de récupération, et soixante tuyaux neufs en façade, sont-ils nécessaires pour achever les travaux du nouvel orgue de la cathédrale confiés à Joseph Isnard et Simon Bayssac-Labruyère.
Le résultat est extrêmement décevant malgré le grossissement des tailles des tuyaux à bouche en les déplaçant vers l’aigu. Autant l'orgue de Dom Bedos sonnait magnifiquement à Sainte-Croix, autant l'instrument transféré à la cathédrale semble perdu dans cette grande nef d'un volume de huit à dix fois supérieur.
De 1837 à 1841, le facteur Henry effectue une nouvelle restauration et remplace les deux ailes convexes du grand buffet par les deux ailes concaves actuelles.
Entre 1875 et 1877, le facteur bordelais Wenner remplace l'ancien récit de deux jeux par un grand récit expressif de 14 jeux et substitue la mécanique directe du clavier du grand orgue et celle des basses du récit par des machines pneumatiques Barker.
De nouveaux travaux sont effectués, en 1921 par le facteur Puget de Toulouse, puis en 1933 par la maison Debierre de Nantes.
En 1946-1947, le facteur Robert Boisseau remplace la mécanique directe du pédalier par une machine tubulaire pneumatique.
En 1954, l'électrification des commandes de notes est réalisée par l'entreprise Beuchet-Debierre qui dote les claviers manuels de machines élecro-pneumatiques neuves.
Enfin, en 1962, quelques uns des tuyaux des deux plates-faces centrales ajoutées par Wenner en 1875 -1877, tombent dans la nef ; devant le danger représenté par un affaissement des tuyaux voisins, l'ensemble est remplacé provisoirement par des tuyaux en zinc électrolytique d'un aspect bien médiocre.
Ainsi, sur les 56 jeux que comporte cet orgue, on compte 26 jeux de Dom Bedos de Celles, 10 autres jeux anciens de récupération installés au XIXème siècle, 20 jeux romantiques et/ou modernes.
En 1972, la Commission Supérieure des Monuments Historiques décide de construire un instrument neuf à l'intérieur du buffet du grand-orgue de la Cathédrale et de transporter en l'église Sainte-Croix les sommiers et les tuyaux attribués à Dom Bedos de Celles.

Bien que déjà terminées en atelier en 1975, ce n’est qu'en 1982 que les nouvelles grandes orgues, construites par la Société Danion-Gonzalez et harmonisées par Jacques Bertrand, peuvent se faire entendre car, entre temps, les Bâtiments de France ont dû reconstruire pierre par pierre les deux premières travées de la nef situées au-dessus de la tribune et restaurer le buffet.
Conçus en traction mécanique directe, les tirages de notes du nouvel instrument durent, quelques années plus tard, être électrifiés.
Puis, des dégradations indépendantes de la volonté de tous étant intervenues dans les années qui ont suivi - en raison, notamment, de travaux de taille de pierres dans la cathédrale - , un relevage s'est avéré nécessaire en 1992 et a été confié par les Monuments Historiques, sous le contrôle de Jean-Pierre Decavèle, à la Maison Pesce dePau : réfection des claviers et de leurs contacts, nouveaux accouplements (système inventé par Christian Gaillard), restauration de tuyaux abîmés et réfection de soufflets régulateurs. L'Association "Musica in Cathedra"a alors financé le matériel d'un nouveau combinateur mis au point par Christian Robert, le fonctionnement de celui de la Maison Danion étant devenu incertain après dix ans de service sans faille.
En 2002, !es tuyaux de la Bombarde 32 - coudés huit jours avant l'inauguration de 1982 parce qu'ils dépassaient le buffet – ont été remis dans leur configuration d'origine afin que l'on puisse les entendre comme ils sonnaient à l'origine et, pour cela, situés sur des sommiers spéciaux placés à même le sol. Les travaux ont été confiés à la Manufacture berrichonne de grandes orgues.
En novembre 2010, cette même Manufacture a remplacé le combinateur construit par Christian ROBERT – bien que fonctionnant toujours parfaitement – par un combinateur ELTEC de 21600 combinaisons avec séquenceur, en raison de la réfection totale de l’installation électrique de la Cathédrale et des nouvelles normes imposées.



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